lundi 27 avril 2020

Jour 46

"Au début d'octobre 1918, nous avons vécu une terrible épidémie de grippe espagnole qui débuta d'abord à Shawinigan. Le 8 octobre, on ferma les écoles et les endroits de réunion afin de tenter d'enrayer la contagion, mais rien n'y fit, et les 20 lits du seul hôpital d'alors, le Joyce, étaient insuffisants pour soigner les plus atteints. Le 14 octobre, on transforma en hôpital de fortune le couvent St-Bernard, les soeurs grises enseignantes devinrent infirmières de circonstance. Les Ursulines obtinrent la permission de sortir de leur cloître pour les seconder. L'école technique aussi fût transformée en hôpital et comme les ambulances n'existaient pas encore, on se servait de l'automobile du chef de police pour le transport des malades. Durant plus d'un mois, ces lieux débordent et de nombreuses victimes succombent. La seule paroisse de St-Bernard enregistre 38 mortalités. Du côté d'Almaville, ce fléau a fait ses ravages. Plusieurs familles sont atteintes et quelques-unes ont des morts. J'en ai vu qui ont été enveloppés dans un simple drap, mis en cercueil et immédiatement transportés en terre sans passer par l'église. On chantait le service funèbre un peu plus tard. Chez nous, tous ont souffert de la maladie sauf moi qui ai continué à servir la clientèle sans subir aucun malaise. Le médecin en a déduit que ma fièvre thyphoïde de 1913 m'avait en quelque sorte immunisé contre les maladies contagieuses. Le 18 novembre, l'épidémie est complètement disparue, les écoles ouvrent leurs portes à nouveau. La vie reprend son cours normal."

Ce récit de circonstance est tiré des mémoires de mon grand-père, J-Omer Beaumier, qui nous a laissé ce formidable cadeau en héritage. Dans les années 70, à partir des notes qu'il avait prises pis des documents qu'il avait conservés pendant sa vie, il a rédigé ses mémoires, de sa naissance, en 1898, jusqu'à 1948, avec l'aide de ma grand-mère Cécile. Décédé en 1977, il a malheureusement pas eu le temps de terminer son ouvrage. Mon oncle Denis a pris le temps de tout transcrire sur traitement de texte pis chacune des familles Beaumier en a reçu des copies. C'est un document vraiment très instructif pis passionnant. Je l'ai lu plusieurs fois. Ça m'a permis de mieux connaître mes grands-parents que j'ai peu connus de leur vivant.

***

En se levant à matin, Renaud me raconte qu'il a fait un rêve bizarre. Y'a rêvé qu'il m'avait trouvée dans la salle de bain avec un oeil crevé parce que la directrice de mon école m'avait obligée à ramasser des boîtes pis que je m'en étais rentrée une dans un oeil. Inquiète-toi pas Francine, je lui ai dit que tu nous maltraiterais jamais de même. 😉

De mon côté, je lambine un peu devant la TV pis après dîner, je regarde le point de M. Legault. C'est pas trop clair si je retournerai ou pas travailler avant la fin août. Pour le moment, j'évite d'extrapoler sur la suite pis j'attends les directives de ma directrice. Morgan semble ben content de pas retourner à l'école. Y va quand même falloir que j'y trouve une occupation pour qu'y se bouge un peu.

Renaud commence à trouver ça un peu long. Faut dire que lui, y'avait terminé l'école fin janvier. Quand le confinement a commencé, y cherchait une job. On a mis ça en stand by. Je tenais pas à ce qu'il aille se contaminer quand il a pas vraiment besoin d'argent. Il est inscrit dans un DEP pour septembre. Morgan aussi d'ailleurs. Les deux dans le même. J'espère que les cours commenceront comme prévu.

Cet aprem, je propose à Renaud de venir faire un tour d'auto avec moi pis qu'on écoute SA musique pendant qu'on se promène. Je sais que la proposition va obligatoirement l'intéresser. Habituellement, je roule pas pour rien. De un, le gaz est ben trop cher pis de deux, j'ai pas vraiment le temps. Là, je me dis qu'on peut ben faire un petit spécial. On a rien à faire pis le gaz est quasiment donné. On part vers 14h. pis on va virer dans le centre-ville en roulant ben tranquillement. C'est quand même pas mal mort. Y'a plein de place pour se parker sur Sainte-Catherine. Y'a pas beaucoup de piétons non plus. Moi qui aime l'effervescence de la ville, c'est un peu trop tranquille pour moi ste confinement-là.

Je voulais aller marcher au retour mais on dirait que j'ai perdu ma motivation quelque part dans le centre-ville. Yé 15h15 quand on revient. Je décide d'abandonner le projet. Y devrait faire pas mal plus beau demain. J'irai marcher pis j'en profiterai pour tester ma nouvelle application qui calcule les trajets. À suivre...

Pour souper, je décide de faire une vieille recette de ma mère : des poitrines à la sauce BBQ sucrée. Ça fait très très longtemps que j'ai pas fait ça. On dirait que quand je suis pressée, je favorise les recettes que je connais par coeur mais là, ces temps-ci, pressée ça fait pu partie de mon vocabulaire.


Après souper, Morgan pis moi on décide de jouer à Battleship. On joue quatre games en une heure. J'en gagne trois, lui, une. On rigole pis l'heure passe vite. 

Vla une couple de jours, William m'a envoyé des liens Youtube de Norman en confinement. Ici, on l'aime ben Norman faque on décide de regarder ça Morgan pis moi. Si jamais ça vous tente, c'est par ici.






Kin, je vais retourner les regarder. À demain ! 😃😃😃 

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