Jour 429

Je me lève de bonne heure à matin, question de voir où en est Juliet. Aucune réaction de sa part. Je m'étais couchée hier soir avec le fol espoir qu'elle soit miraculeusement guérie quand je me réveillerais mais c'est pas ça pantoute. 😟 En regardant les horaires de mon vétérinaire habituel sur internet, je me rends compte qu'il est fermé le samedi asteur, sans doute à cause de la COVID. Je regarde les horaires d'un autre pas loin de chez nous, même affaire. J'en appelle un à ville d'Anjou. Y sont complets pour la journée. Hier, mon ex en bas m'en a recommandé un à Brossard. C'est loin un peu mais j'ai pas le temps de naiser. J'appelle. La madame m'explique que Juliet va passer au triage pis qu'après je peux attendre entre deux et huit heures dehors pour qu'elle voit le vétérinaire. Je lui demande si ça va être long de même si je lui emmène un chat qui a l'air limite mourrant. Elle me dit qu'ils vont la passer en priorité pis m'avertit que la consultation va coûter 190$. Let's go, 8h30, je suis partie. 🚗

Dans l'auto, Juliet miaule un peu. Elle a jamais aimé la cage ni les tours de char. Je la rassure pis j'y dis qu'on s'en va voir le docteur pour la soigner. J'y fais écouter de la musique tranquille. Hier aussi j'ai fait ça. La clinique vétérinaire est sur Taschereau, le maudit boulevard à huit voies sur lequel le monde roule à 90. 9h. pile je me parke. J'entre Juliet à l'intérieur pis je pars attendre dans mon char. Le vétérinaire m'appelle pas longtemps après. Selon toute vraisemblance, Juliet a un problème de rein. Elle fait de la fièvre. Y faut des prises de sang. Ça coûte 315$. Let's go. J'attends les résultats dans mon char. ⏳

10h40, le vétérinaire me rappelle.  Y me dit qu'il a mesuré une valeur dans le sang de Juliet. La créatinine ? Je sais pu. Bref, cette valeur pour un chat, devrait être à son plus haut à 120. Juliet est au dessus de 400. S'ensuit une longue discussion avec toutes sortes de noms de maladies, d'examens, de traitements, de prognostics pis de bruits de dollars. En gros, un rein ou les deux fonctionnent mal. Ça peut être une pyélonéphrite causée par de l'insuffisance rénale chronique voire terminale. Elle a peut-être un cancer aussi. Pour 3000$ aujourd'hui, je peux en savoir plus mais on soignera rien. Selon ce qu'on va découvrir, le vétérinaire va pouvoir estimer ses chances de survie dans un état correct, tout ça avec des examens, traitements pis médicaments qui vont s'ajouter. Selon lui, la condition de Juliet est sérieuse. Y'a vraiment aucune garantie. Un chat avec des organes vitaux atteints, c'est un contrat. Elle a un souffle au coeur aussi. Comme ben des chats. 💔

Le vétérinaire me dit de réfléchir pis qu'y va me rappeler. Dans l'auto, je vire ça dans tous les sens. Si on me disait : "ça te coûte 5000$ pis c'est sûr que ton chat guérit pis toffe encore 7-8 ans", j'hésiterais pas. Là, y'a rien de sûr pantoute. Le sort de Juliet est entre mes mains. J'ai l'impression de l'abandonner. Je veux pas faire de peine aux confinés en plus. C'est ça qui me déchire le plus. Juliet a été leur premier animal domestique. On l'a depuis qu'ils ont 9 pis 11 ans. J'essaie de penser à la future vie de Juliet, aux soins à apporter, à l'argent à investir, tout ça pour toffer peut-être juste quelques mois de plus pis on sait pas dans quelle condition. Je rappelle le vétérinaire pis j'y dis de l'euthanasier. 😢😢😢

Le vétérinaire me dit que je peux rentrer pour assister. Je sais que ça va être triste mais c'est mon chat pis je peux la laisser mourir tu seule. Un animal, c'est un engagement pour la vie. La moindre des choses c'est de lui offrir une présence rassurante dans ses derniers instants. À l'intérieur, on me laisse seule avec Juliet. Probablement stressée par sa matinée, on dirait qu'elle a repris un peu de vigueur. Je lui parle, la flatte, lui donne des becs. Je lui dis qu'elle a été un bon chat. Je morve dans mon masque. C'est vraiment une matinée de marde. Le vétérinaire revient au bout de 10 minutes. Y m'explique la procédure. Yé super fin. Y me dit de pas me sentir coupable, qu'elle est vraiment ben malade. Je dépose ma Juliet sur la table. Le cathéter a été installé avant que je rentre. Première injection : de l'eau pour rincer le tube. Deuxième injection : un sédatif. Juliet s'endort. Troisième injection : l'anesthésiant en grosse dose pour lui faire stopper le coeur. Je flatte Juliet. Son petit coeur s'arrête. C'est fini. Je sors de chez le vétérinaire avec quasiment 1000$ en moins pis pu de chat. Il reste de Juliet que cette petite bouteille avec les poils de sa patte qu'ils ont rasée pour installer le cathéter.

Je reviens chez nous pas mal débinée. J'avais toujours soupçonné que Juliet vivrait pas vieille mais je pensais jamais qu'elle partirait si jeune pis si vite. En rentrant, je me lave les mains pis j'enlève immédiatement toutes traces de sa présence. Je jette ses petites gamelles, sa litière, ses deux petites souris qui trainaient sul plancher pis son sac de bonbons qui avait sa place sul comptoir. Ça me prend pas beaucoup de temps pour me rendre compte à quel point c'est subitement vide ici sans elle. J'étais habituée à la voir couchée sul divan ou ben sur une chaise de la cuisine, à déambuler par terre, à miauler pour demander à manger. Avant quand j'allais m'assoeir sul balcon, Juliet venait me rejoindre pour se coucher dehors. Le soir, elle venait se coucher avec moi pis le matin, elle était contente que je me lève. Je réalise que tout ça est fini.

Journée de marde. Vraiment. 💩💩💩