jeudi 9 avril 2020

Jour 28

J'ai passé une nuit pas pire pantoute grâce à mon dernier Ativan périmé. Pas de rêves bizarres, pas de tournage dans tous les sens.

Je me réveille pimpante. Aujourd'hui, c'est ma journée contamination. Faut que j'aille chercher ma fameuse épicerie commandée en ligne faque je me dis que je vais en profiter pour faire toutes mes autres commissions en même temps. J'ai quand même plusieurs destinations. Pour faire exprès, y fait passablement frette pis y neige plus qu'y pleut. Tant pis, c'est aujourd'hui que ça se passe.

Je pars vers 14h30 pour commencer ma tournée. J'avais hâte de sortir un peu, de prendre mon auto, mais finalement, y fait gris pis ça me tente pu tant de me mêler au monde. J'ai le goût d'un cappuccino glacé mais je me demande si c'est encore safe d'acheter ça. Je cède à la tentation pis je mets le cap direction Tim Hortons. Mon quartier figure dans le palmarès des quartiers chauds de Montréal faque pas question d'acheter dans mon coin. Je roule un peu vers l'est, sans aller trop loin pis je m'arrête à la commande à l'auto d'un Tim où je suis jamais allée de ma vie. Je reçois la boisson tant convoitée pis j'applique immédiatement le protocole établi par mon frère.

1- Laver tout le verre pis le couvercle avec une lingette.
2- Mettre du Purell sur la lingette pis relaver tout le verre et le couvercle.
3- Mettre la lingette en quarantaine dans la porte de l'auto. Là, y faut vraiment que je me fasse violence parce que pour moi, mettre un déchet dans la porte, c'est complètement inadmissible, encore plus un déchet contaminé. Je me dis que si mon frère a réussi, je suis capable moi avec.
4- Me laver les mains au Purell.


Il existe également une procédure pour le déballage de la paille mais comme j'en ai déjà une dans mon coffre à gants, je prends celle-là pis je mets la nouvelle en quarantaine à la place de la première.

Je poursuis ma route vers ma deuxième destination : Jean Coutu. J'ai besoin de brosses à dents, dentifrice, soie dentaire, gel douche, lingettes pis autres gogosses. Déjà que je fais dur, je vais toujours ben essayer d'avoir l'air propre. Je veux aussi en profiter pour acheter les chocolats de Pâques aux ados. Bonne surprise, y'a pas de file dehors. Hier, quand je suis passée en prenant ma marche, y'avait plein de monde ! J'entre pis me fais pouicher du Purell dans les mains par la cosméticienne avant d'entreprendre mes achats. Ouf, c'est long ! C'est vraiment compliqué de jamais approcher qui que ce soit à moins de deux mètres. Je remarque que tous ne font pas attention. Y'a quelques innocents incompétents qui se promènent aléatoirement comme si y'étaient tout seul. Je finis par payer pis sortir du Jean Coutu. J'ai du Purell dans ma poche. Je me frotte les mains pour la troisième fois depuis que j'ai quitté la maison.

Destination suivante : le vétérinaire. Ma Juliet mange de la bouffe spéciale, uniquement en vente là-bas. Selon la nouvelle procédure, y fallait que je passe ma commande pis que je paie par téléphone 48 heures d'avance. Faut maintenant que je me présente sur place avec un papier indiquant mon nom pis ce que je viens chercher pour le montrer à la madame au travers de la vitrine. Le système marche bien. Elle me dépose rapidement mon sac dans un panier dehors. Je range l'item contaminé dans le coffre de ma voiture pis je me repurelle les mains.

J'hésite un peu pour ma prochaine course. Disons qu'elle est pas au top sur l'échelle de l'essentialité. Je veux du café. Je veux du café mais celui que j'aime pis qui me fait plaisir est vendu dans une petite épicerie vietnamienne un peu louche pis rarement très propre. Je me dis que je vais y entrer en courant, prendre mon café, garrocher mon argent à la caissière (y prennent pas les cartes) pis resortir aussitôt. La réalité se révèle plus compliquée. Bonne nouvelle, y'a un distributeur de Purell à l'entrée. Je me désinfecte les mains pour la cinquième fois. Deuxième bonne nouvelle, tous les employés portent des masques. Par contre, dans cette épicerie-là, les allées sont étroites pis toutes croches. Y'a peu de clients mais ceux qui sont là font pas ben ben attention. Je finis par réussir à payer pis je retourne à mon auto. Je me mets une petite shot de Purell avant de toucher ma poignée de porte.

Je continue vers la SAQ. Y'a quand même une bonne file. Yé presque 17h. pis on est jeudi. Dehors, y fait frette kel criss. J'attends un bon 25 minutes à la neige pis au frette. Entre la SAQ pis le IGA, y'a toujours un gars que les enfants pis moi on appelle le faux itinérant. Y passe ses journées assis là avec son chien depuis des années. Y'a pas l'air riche riche mais y'a quand même des rollers pis un cell. On sait pas trop d'où y sort ni à quoi y sert. Pendant que j'attends, je vois une caissière du IGA qui vient y jaser, qui échange une cigarette avec lui pis flatte son chien. Je suis un peu perplexe... Mon tour finit par arriver. Le gars à l'entrée me pouiche du Purell. J'entre dans la SAQ, me dépêche à prendre une couple de bouteilles, je paie pis je m'enfuis dans mon char. Petite shot de Purell avant de prendre le volant. 🚗

Bon là, je suis rendue à aller chercher mon épicerie mais j'ai pas encore reçu l'appel. Y fait frette pis j'ai pu rien à faire. Je décide de retourner chez nous pour monter pis laver mes premières courses. Je monte mon butin au TROISIÈME pis je lave tout ce que j'ai acheté, non sans me laver les mains douze fois. Je mets mes sacs en quarantaine dans l'escalier intérieur. Je désinfecte les poignées de portes que j'ai touchées, je lave mes robinets, me change. Toujours pas d'appel. J'ai faim mais j'ai pu grand chose à manger. Je me réchauffe un vieux boute sec de pâté au saumon. J'essaie d'aller voir le progrès de ma commande sur le site de Provigo mais devinez quoi ? Y tourne dans l'beurre... Yé rendu 19h. L'épicerie ferme dans une heure. Je décide d'appeler. Le gars me dit de venir dans quinze minutes, yé !

Je me rechange pis je roule au Provigo. Le gars vient me déposer ma commande direct dans le coffre. Je suis tout de suite surprise par le peu de sacs que j'ai comparativement à ce que j'ai commandé. Y me dit que certaines choses sont en rupture de stock. Tant pis, je ferai avec. J'arrive chez moi, monte tout au TROISIÈME pis je consulte ma facture. Mon épicerie aurait dû me coûter 308$. Elle a coûté 192$. Je vide pis nettoie tout. J'ai certaines substitutions qui font plus ou moins mon affaire. Pour d'autres, c'est moins grave. Verdict : ce système est sans doute génial en temps normal, quand personne achète comme si la fin du monde menaçait d'arriver. Pour tu suite, j'ai pas trop le choix d'aller compléter ça demain. Il me manque quand même le tiers de ce qu'y me fallait, des articles aussi simples que des bananes, de la laitue, du céleri, du pain brun pis du jus d'orange.

À 20h45, je sacre tout mon linge dans la machine pis je saute dans la douche. Un peu plus pis je me laverais au Purell au complet...

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