vendredi 8 mai 2020

Jour 57

Retour sur mon film d'hier soir. C'était fascinant. Deux heures bien investies. En plein le genre d'histoire que j'aime. En fait, c'était un documentaire sur une histoire réelle. Imaginez-vous ça vous autres, dans les années 80, un gars de genre 19 ans, Bobby, qui arrive dans une nouvelle université au début de l'année pis tous les étudiants le saluent pis y parlent comme s'ils le connaissaient. Le gars finit par tomber sur un autre gars qui y dit "Aie, t'es vraiment le sosie de mon ami Eddy. Es-tu adopté pis né telle date ?". Bingo ! Le gars emmène Bobby chez Eddy pis les deux se rendent compte qu'y sont pareil pareil, des jumeaux identiques, tous les deux adoptés par l'intermédiaire de la même agence pis nés la même date ! Là, l'histoire fait le tour des journaux pis une madame, 100 km plus loin, voit la photo pis dit "Ben kessé ça maudite marde, ces deux gars-là ressemblent trop à mon David !" Ben devinez quoi ? Y se rendent compte qu'y sont TROIS, des triplés, qui viennent tous de la même agence d'adoption pis qui ont été séparés à la naissance ! Ce qui est triste, c'est qu'avec les années, y se rendent compte qu'y ont fait partie d'une étude menée par un espèce de médecin psychologue. Le but était de séparer des jumeaux pis des triplés mis en adoption pis de les faire adopter dans des familles de statut social différent pour voir si l'acquis était plus fort que l'inné. Finalement, le médecin en question est mort pis y'a mis les résultats de son étude sous scellé jusqu'en 2066. ! Vous irez voir ça. Je pense que c'est disponible sur Netflix.


À matin, je me lève plus tôt pour travailler parce que j'ai des choses à faire cet après-midi. J'ai rendez-vous à 13h30 pour enfin aller récupérer mon matériel à l'école. C'est con mais j'ai comme hâte de retrouver mon bureau pis mes affaires même si je sais déjà que j'ai pas le droit de rester longtemps. J'arrive un peu en avance faque j'écoute le point de presse dans mon char en attendant 13h30. Ça va pas ben notre affaire. Montréal est pratiquement l'épicentre de tout le Canada. Pas grave, ça va bien aller. Si les arcs-en-ciel dans les fenêtres le disent, ça doit être vrai. Je remarque depuis quelques jours que ce mouvement tape de plus en plus sur les nerfs des gens. Moi, je suis une précurseur. Y m'a tapé sur les nerfs à partir de la deuxième semaine de confinement.


Je suis tranquille dans mon auto quand la madame de la sécurité surgit, direct dans le parking. Elle m'explique qu'elle va rester avec moi tout le temps pis que j'ai pas le droit de toucher à quoi que ce soit à part MES affaires, même pas une poignée de porte. Elle m'escorte à mon bureau. Faut pas que je niaise trop longtemps. La madame m'attend, deboute dans le cadrage de porte. Je commence à rassembler mes affaires quand catastrophe, mon sac d'école à roulettes a disparu ! Je le mets toujours en dessous de mon bureau pis là, yé pas là. Je regarde partout. Aucune trace du sac. J'ouvre mon tiroir pour prendre mon ordi. Yé là mais j'ai pu de souris, pu de tapis pis pu de fil pour le charger. Je cherche partout, rien ! Je capote. Pourquoi quelqu'un m'aurait volé mon sac d'école quasiment vide (y roule mal en plus), mon fil, ma souris pis mon tapis mais aurait pas pris l'ordi ??? Je comprends rien. J'essaie de réfléchir mais la madame me surveille pis ça me stresse. 😬

J'allume au bout de cinq minutes ! Le dernier jeudi que j'ai enseigné, je devais enseigner le lendemain matin dans le même local. Logiquement, j'ai laissé mes affaires là mais j'ai remis mon ordi en sécurité dans mon bureau comme je fais toujours. La madame m'escorte au local telle une princesse pis m'ouvre la porte. J'ai vu juste. Toutes mes affaires sont là, bien placées. Mon cahier de présence est ouvert sur mon bureau. Mon fil d'ordi est branché dans le mur. C'est bizarre. La vie s'est vraiment arrêtée pendant deux mois. Je me dépêche à rassembler mes affaires pis je redescends, sous haute surveillance. Avant de quitter, y faut que je passe voir le gars de l'informatique pour qu'il installe des nouvelles affaires sur mon ordi. Je pensais le faire moi-même mais ça a tout l'air qu'y faut observer le protocole. C'est ben correct. On va être sûr que tout fonctionne bien. Je me sens un peu comme une pestiférée. Le monsieur veut même pas toucher à mon ordi. Faut que je branche moi-même un fil pis lui, y se connecte à distance. La madame de la sécurité, très gentille par ailleurs, attend à deux mètres avec son masque pis sa bouteille de Purell. Je jase un peu avec le gars de l'informatique qui est ben fin lui aussi. Y nous sauve la vie souvent ste gars-là. 14h. mon temps est fini. J'ai juste le temps de croiser ma collègue Cynthia qui arrive pour son rendez-vous.  Je repars direction parking avec mes sacs. En tout cas, je vous jure, c'est pas là qu'on va pogner ou donner le virus.  

J'ai des commissions à faire. Comme d'habitude, je veux faire tous mes contaminants le même jour. Premier arrêt : Canadian Tire. Je veux m'acheter un nouveau parasol. J'en ai déjà un mais yé magané pis j'ai comme l'impression que je vais passer ben du temps sur mon balcon cette année. J'ai déjà voulu y aller l'autre jour mais y'avait une file jusqu'au trottoir. Aujourd'hui, y fait frette faque j'ai des chances que ça aille vite. Effectivement, y'a pas un chat. Je rentre, je pogne le parasol préalablement repéré sur internet, je paie pis je repars. Avec des belles fleurs rouges, ça va être ben beau cet été.

Deuxième arrêt : Jean Coutu. Encore là, pas d'attente. Je fais les rangées rapidement pis je prends mes articles. Y'a pas trop de monde faque ça va bien. Je paie pis je pars vers la SAQ. Tout comme vla deux semaines, pas d'attente. Je rentre pis je prends trois bouteilles. Dans le magasin, y'ont fait comme un labyrinthe avec des boîtes pour pas qu'on se promène partout. C'est plus compliqué que d'autre chose. Ça nous force à faire un détour dans des rangées où y'a du monde quand on pourrait aller directement à la caisse. Je trouve la sortie, je paie pis je sors.

Mon dernier arrêt, l'épicerie. Y'a quasiment personne en file dehors. Tant mieux parce que c'est pas chaud chaud pour un 8 mai. Je rentre rapidement. À l'intérieur, j'ai abandonné l'idée des deux mètres. C'est juste pas possible. Mon plan est plutôt de foncer pis de rester le moins longtemps possible. Y'a quand même pas mal de monde. Je retiens ma respiration quand je croise des gens de trop près. Je sais pas trop si ça change quelque chose mais bon. Je remplis un panier assez substantiel. Je pense que ma salade de macaronis des derniers jours m'a donné le gout d'acheter beaucoup d'affaires. Je passe à la caisse : 359$.  😕😕😕

C'est pas tout ça. Faut monter ça au TROISIÈME asteur, ça pis les courses de la pharmacie, les bouteilles de vin de la SAQ, le parasol, pis mes sacs de l'école. Y'a quand même pas mal de stock. En plus, mon épicerie accepte pu les sacs ré-utilisables faque j'ai plein de petits sacs en plastiques. Je finis par en venir à boute après plusieurs montées et descentes. Heureusement, ma hanche est correcte aujourd'hui. Comme d'habitude, j'entreprends de tout laver même si je suis toujours pas convaincue de la nécessité de se donner ste trouble-là.. Je me dis toujours "Tout d'un coup...". Ça me prend une heure et quart pour m'acquitter de ma mission.

Chez nous, rien est laissé au hasard. Par exemple, en bas de 18 ans, y faut que tu boives du lait entier. J'ai déjà lu que ça aidait à développer le cerveau. Par contre, quand tu pognes 18 ans, yé pu question que tu touches à ça. Si ton cerveau est toujours pas développé, too bad. On peut en conclure qu'y a rien de mieux à faire pis que tu vas devoir te débrouiller avec ce que la nature t'a donné. Yé pas question que tu continues à boire du lait entier, que tu grossisses pis que tu passes ta vie au régime. J'ai pas envie de gérer ça. Asteur, y'a juste Morgan qui a encore droit au lait entier. Depuis le confinement, j'enlève les trois sacs de lait du grand sac pour les ranger dans le frigo. Mais là, y faut pas se mélanger faque j'écris les noms des gars sur les sacs.


Une autre affaire ici, le jus est rationné. Si t'as soif, tu bois de l'eau. Les gars ont quand même droit à chacun leur bouteille de jus par semaine + les jus que je mets dans les boîtes à lunch le midi. Depuis le confinement, y'ont pu de lunch faque y'ont deux bouteilles. Je les identifie sinon Morgan boit tout.


Bon inquiétez-vous pas. Si vous avez bien regardé la photo de toutes mes commissions, y'a un paquet de douze canettes de Coke aussi. Des fois, j'achète du diet mais aujourd'hui, j'ai été fine. Je veux que mes gars aient des bonnes habitudes alimentaires pis des bonnes manières aussi. Y'a une affaire à laquelle je tiens absolument. C'est à propos des cuillères. Une cuillère à soupe pour moi, ça sert à manger DE LA SOUPE. Mes gars sont ben avertis que si je les pogne en train de manger autre chose que de la soupe avec une cuillère à soupe, ça va mal aller. Si tu veux manger des céréales ou un dessert pis que toutes les petites cuillères sont sales, soit tu t'en laves une, soit tu manges tes céréales avec un couteau, une fourchette, un pic à fondue ou une cuillère de bois mais que je te pognes jamais avec une cuillère à soupe. Question d'éducation. Régime militaire.

Ça me fait penser que mes gars ont tous les deux reçu la "convocation" pour leur Journée de défense et de citoyenneté obligatoire cette année. Ça remplace l'ancien service militaire obligatoire. Je vous l'ai dit, y sont Français mes gars. Pour l'instant, y sont dispensés vu qu'y sont au Québec. J'avais le goût de vous dire ça. 😂😂😂

À 17h30, je fais un apéro Facetime avec mon frère pis mon beauf. On jase pis on boit pendant une grosse heure. Eux-autres, j'ai ben l'impression qu'y vont pouvoir se voir bientôt, avec mon père aussi. Moi, je vais rester jammée dans mon épicentre.


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