mercredi 20 mai 2020

Jour 69

Je commence le boulot un peu plus tôt aujourd'hui parce que je dois sortir une petite demi-heure en matinée. Morgan a enfin le droit d'aller vider son casier à son école. Comme y'a pas mal de stock là-dedans, dont ses bottes d'hiver, à pied, ça va être compliqué. Son père pourrait l'emmener, c'est sa semaine, mais habituellement, c'est moi qui fais tous les extras pis qui cours tous les rendez-vous. Si je fais tout ça moi-même, c'est pas pantoute parce que mon ex veut pas s'en occuper. C'est parce que moi, plus j'en fais dans la vie de mes gars, mieux je me porte. Cette année, Morgan finissait le secondaire faque aller chercher ses affaires à l'école, c'est un peu comme sa dernière journée. Je veux être là. 🎈🎈🎈

Morgan pis moi on part ensemble à l'heure prévue pis je le laisse entrer tout seul à l'école. On a reçu toute une procédure à suivre par courriel. On a préparé des sacs vides pis un sac avec ses uniformes pour les donner au magasin solidaire de son école. Après cinq ans à mettre ste linge-là tous les jours, ça m'étonnerait que Morgan porte ses polos de Louis Riel la fin de semaine. Aussi ben s'en débarrasser de manière utile. J'attends tranquille dans le parking en regardant les élèves arriver avec des sacs vides pis resortir les bras remplis. Plusieurs portent des masques. Morgan resort de l'école quinze minutes plus tard tout sourire pis les mains pleines. En prime, y'a enfin pu récupérer son hoodie de finissant Louis Riel qu'il était censé pouvoir porter dans l'école tout l'hiver. Ça devait être comme un privilège de finissant. Au moins, son nom est écrit comme du monde. Y vient quand même de passer deux ans avec une carte OPUS au nom de HORGAN.

Parlant de nom, saviez-vous ça que mes gars ont un nom de famille en voie d'extinction ? Pindeler qu'y s'appellent. La dernière fois que j'ai cherché, au Canada, y'étaient trois : mes deux gars pis leur père. En France, vla une couple d'années, y'étaient huit. Je pense qu'il en reste cinq. Ici au Québec, on se fait maganer ça pas à peu près ste nom-là. Tout le monde a tendance à prononcer ça en anglais genre "PINNE DE L'HEURE". Vu que Renaud pis Morgan, ça peut aussi être un nom de famille, des fois, les gens pensent que Pindeler c'est leur prénom. Ceux qui savent qu'y sont français prononcent "PIN DE LÉ." La vraie façon c'est "PAIN D'LAIR". L'enfer ste nom-là.

Je vois pas le reste de la journée passer. J'arrête juste dix minutes pour dîner devant le point de presse. Bonne nouvelle, on va pouvoir voir deux autres familles en même temps si on est dehors. Si j'avais attendu quatre jours pour aller voir mon beauf, je serais pas une criminelle à l'heure actuelle. En tout cas, moi qui avais peur que mon père pogne la COVID pis que je me ramasse orpheline, c'est plutôt l'inverse. Je suis désolée de vous apprendre que c'est le déconfinement qui vient de me rendre orpheline. Depuis que mon père a récupéré son char, pu de son, pu d'image. Si y'a roulé tout ce temps-là, y doit ben être rendu en Arizona...


Je sors marcher à 16h. Moi qui me plains du frette depuis deux mois, je vais bientôt commencer à chialer sur la chaleur. Marcher sur de l'asphalte en plein après-midi, sans trop de vent, c'est assez chaud merci. Je vais envisager de commencer à prendre mes marches le soir. 


Je me prends une petite bière sul balcon en revenant. L'action a pas mal repogné devant chez nous à l'heure de pointe. L'effet ville-fantôme a disparu. Paraît que dans les régions, les salons de coiffure vont rouvrir début juin. Moi, j'ai surtout hâte de me faire faire les ongles, ben plus que les cheveux. Pour l'instant, je toffe ma repousse. De toute beauté.


Pile quand je viens pour poster ce billet, mon père me retourne mon appel. Y revient de se promener pis yé de ben bonne humeur. Ça me stresse un peu de le savoir en liberté, un peu comme quand un de mes enfants commençait à aller à l'école tout seul à pied. J'y ai ben dit de pas parler aux étrangers pis de pas embarquer avec des inconnus qui connaissent pas le mot de passe. Y devrait être correct. 👍

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