Jour 287

Comme ben des québécois, aujourd'hui, je risque une petite entorse au règlement de François Legault. COVID ou pas, mon frère pis moi, on peut pas se résigner à laisser notre père tu seul dans sa résidence un 24 décembre. Aie, faut pas charrier quand même ! Le projet est simple pis pas trop risqué. On se voit, nous trois seulement, chez mon frère. Dans le fond, mon père a le droit d'aller fêter Noël dans une bulle familiale faque on va dire que la bulle, c'est mon frère pis moi. On invite personne d'autre. Aucun de nos enfants ne sera là. Mon beauf non plus. D'habitude, on fête aussi avec Denise, une grande amie de la famille pis son petit-fils qui vit avec elle.  Cette années, on les invite pas non plus. ⛔

13h15, je me mets en route vers Trois-Rivières par un temps pas mal trop gris pour une veille de Noël. Disons qu'avec la pluie, additionnée au confinement, l'ambiance de Noël est pas à son apogée. C'est pas grave. L'important, c'est de se voir un peu. On fera un gros party l'an prochain. J'arrive chez mon frère à l'heure prévue. Y'a joliment décoré son nouvel appartement. Y'a fait un sapin pis installé au pied la belle crèche faite par ma mère. Y'a même sorti l'ancien père-noël de mon père qui siffle Vive le vent en ronflant, couché dans un petit lit. On sait que mon père va être content pis qu'y va rire. 😁

16h., on arrive au Château pour chercher mon père. On aime mieux qu'y prenne pas son char aujourd'hui. En plus, on a prévu faire un petit tour d'auto. Mon père adore ça même si y se promène toujours dans les mêmes rues qui sont pas mal désertes par les temps qui courent. Une autre affaire que mon père aime ben, c'est regarder nos vieilles diapositives. L'an passé, je les ai toutes scannées pis transférées sur une clé USB qu'on branche à la TV. C'est pas mal moins de trouble que d'essayer de projeter ça sur un mur avec un vieux projecteur qui pue pis pour lequel on trouve pu d'ampoule. Kin, je viens de chercher un synonyme de projeter, parce que je voulais pas écrire "projeter avec un projecteur". Le dictionnaire me propose des drôles de choix : gamberger, goupiller, pulvériser, éjaculer, manigancer, ruminer, ordonnancer... Me semble : "Aie, ça vous tente tu de pulvériser une couple de diapositives ???" 😀

On boit un verre pis deux, en grignottant diverses cochonneries, quand mon frère surgit subitement avec une boîte de vieux souvenirs familiaux. On commence à fouiller là-dedans. On y dégotte des trésors inestimables : des cartes de souhaits de toutes sortes, les réponses au faire-parts pour le mariage de mes parents, des vieux calendriers sur lesquels ma mère inscrivait nos rendez-vous, des tickets divers (destinés à mon père), des lettres (de toi ma tante Irène), plein d'autres bébelles pis des cheveux. Ben des cheveux. Des cheveux à ma mère, des cheveux à ma soeur, des cheveux à mon frère. Aucun des miens par contre. Tsé quand on dit que le middle child est toujours laissé pour contre ??? Ça ben l'air que personne a voulu garder de souvenir de mes gros cheveux frisés lettes. Pourtant, ma mère m'en coupait souvent des boutes vu que je dormais avec de la gomme pis que je me réveillais avec des chiques collés dans la moumoutte. ✂

À 20h., on a toujours pas vu le fond de la boîte mais on se dit qu'y faudrait envisager de manger. Mon père aime ben ça quand on se fait livrer du poulet pis y s'en commande jamais tu seule. J'appelle au Ti-Coq à 20h03. Estie, ça vient de fermer ! S'en suit douze appels à des restos du coin. Ça répond nulle part ! Tout le monde a fermé à 20h. On est un peu dans la 💩. Mon frère est pas un grand cook pis comme y vit tu seul, y'a pas des grandes quantités de bouffe. Par contre, y'a acheté un beau gâteau pour dessert. Victime d'une illumination, mon frère annonce qu'il a de la sauce à spag dans son congélateur pis ben des pâtes. Notre repas de Noël est peut-être sauvé. Je dis peut-être parce que le plat de sauce est quand même petit. Très très petit. Trop petit. Je propose qu'on aille au dépanneur acheter une canne de sauce tomates pour diluer la sauce. Dehors, y  pleut des seaux. ☂ Coup de chance, au dépanneur, je tombe miraculeusement sur de la vraie bonne sauce cuisinée par une boucherie du coin. On est en business. De retour chez mon frère, je me mets aux fourneaux pis je nous concocte un festin en quelques minutes. Finalement, c'est super bon. Mon père arrête pas de dire que c'est une chance que les restos soient fermés. Tout le monde est content.

On finit le tri de notre boîte en rigolant pis en buvant un dernier verre de vin. 🍷 Décidément, c'est un Noël assez particulier. C'est bizarre d'être seulement trois quand on devrait encore être cinq. Après tout, ma mère aurait seulement 75 ans... Minuit, on part reconduire mon père avec la bagatelle que j'ai apportée pour lui pis le père-noël qui siffle. Y'a décidé de le reprendre temporairement. Y veut le brancher dans le couloir du Château, à côté de la porte de son appartement pour mettre de l'ambiance sur l'étage. Mon père aime ben ça faire des niaiseries pis jouer des tours. Ces temps-ci au Château, y "vole" des décorations sur les autres étages pour les mettre sur le sien. Un rien l'amuse. C'est une belle qualité.

Dehors, y pleut pas mal merci. Y'a du brouillard. Je suis soulagée qu'on soit allés chercher mon père. J'aurais pas aimé qu'y conduise tout seul par ce temps, même si c'est un excellent conducteur. On a réussi à se faire une pas pire soirée. Mon père était de grande humeur pis ben jasant. De retour chez mon frère, j'emprunte un coin de divan pour la nuit. C'est plus raisonnable que de repartir fatiguée dans ces conditions. Je m'endors en deux minutes et quart. 

Noël 2020 : check ! 👍