vendredi 22 janvier 2021

Jour 316

Yé temps que la semaine finisse. Je suis brûlée raide. Chaque jour qui passe, c'est de plus en plus dur de me tirer du lit. Ce matin, je me permets un quinze minutes de plus dans le confort de mes couvertes. Ça m'empêchera pas d'être à l'école une demi-heure avant mes élèves.

Je mets pas grand temps à réaliser que j'ai peut-être pris une mauvaise décision en dormant un peu plus tard. En me préparant, j'entends à la radio qu'il y a un important bris d'aqueduc à l'intersection des rues Ontario pis Delorimier pis que la circulation dans ste coin-là est détournée. Savez-vous ce qu'il y a au coin de ces deux rues-là ? Mon école, évidemment. Pile sul coin. J'espère que ça sera pas l'enfer pour arriver jusqu'au parking. 😩

Je me dépêche à partir, j'attrape un Américano en chemin pis je roule vers l'école. Du bord par lequel j'arrive, c'est ben tranquille. Le boute de rue qui donne accès au stationnement de l'école est bloqué mais le policier me laisse passer. Une maudite chance. Yé pas question que je parke le KONA dans la rue. Surtout pas dans ste coin-là. Surtout pas quand le bordel est pogné. Pour ceux qui connaissent pas Montréal, l'avenue Delorimier, c'est là-dessus qu'on tombe quand on sort du pont Jacques Cartier en provenance de la rive-sud. Inutile de vous dire que toute la journée, y'a ben du mouvement là-dessus. Aux heures de pointe, j'en parle même pas. 🚓🚒🚕🚗🚚🚙🚛🚑🚕🚕🚐

Aux nouvelles, y'ont dit que le bris d'aqueduc est "important". C'est peu dire. Delorimier est littéralement transformée en rivière.

Bris d'aqueduc

Je rentre dans l'école, je prépare ma classe pis je fais ma petite tournée pour saluer mes collègues. La première que je croise m'apprend qu'on a pu d'eau dans l'école. On peut pas aller aux toilettes, pis on peut pas se laver les mains. Super en temps de pandémie. L'école va sans doute fermer. Y faut attendre la consigne. 8h. arrive pis on sait pas encore à quoi s'en tenir. Je commence mon cours avec deux élèves sur place pis le reste à distance. Le matin, j'ai pas ben le choix de boire mon Américano assez vite vu qu'y faut que j'enseigne avec mon masque faque j'avais eu le temps de le boire au complet avant de savoir qu'on avait pu de toilettes. J'ai déjà envie. Tant pis, si l'école reste ouverte, je vais y aller pareil, consigne ou pas. Y'a personne qui va m'obliger à me retenir jusqu'à 15h. Je serais même pas capable toffer une heure. Moi tant que la toilette est pas arrachée du sol, je vais l'utiliser. Pis même si quelqu'un l'arrache pis qu'y reste juste le trou, ben je vais y aller pareil. Comme une toilette turque.

Vers 8h30 on nous avertit que l'école reste ouverte. Ça fait ben mon affaire. J'ai déjà fait des pieds et des mains cette semaine pour demander des changements d'horaires parce que mes élèves avaient perdu des heures de cours à cause de la semaine du 4 janvier, semaine pendant laquelle je pouvais pas aller à l'école. La journée s'annonce calme pis les élèves travaillent ben tranquilles quand autour de 9h30, le courant coupe. Ça, c'est le boute de la marde. 💩💩💩 C'est tu momentané, c'est tu pour la journée ? Aucune idée faque j'attends avec mes deux élèves qui sont dans la classe. J'ai perdu tous les autres d'une shot quand la coupure est survenue. La situation est surréelle. J'enseigne en temps de pandémie avec un masque, sans eau, sans toilette pis sans électricité Je me sens comme les musiciens sul Titanic. Paraît-il qu'y ont joué de la musique jusqu'à la fin. 🎷🎹🎸🎻🎺🎶

 

Dix minutes après la coupure, on nous fait savoir qu'on doit évacuer l'école. Je ramasse mon stock à la noirceur quand j'entends du mouvement près de la porte de mon local. Je m'approche pis j'arrive face à face avec quelques élèves de mon groupe de l'après-midi. Y veulent simplement me dire qu'ils apprécient tout ce que je fais pour eux pis qu'ils trouvent que nous, les profs en pharmacie, on se donne vraiment. L'attention me fait plaisir. C'est vrai qu'on en fait beaucoup. Quand je compare le travail qu'on fait avec la formation à distance de mes deux confinés, je peux vous dire que c'est pas la même qualité pantoute.

9h45 je prends la clé des champs pour aller faire du travail personnel chez nous. C'est pas la job qui manque avec les deux semaines que je viens de passer. La seule chose qui me réjouit dans cette histoire-là, c'est que je vais pouvoir boire un bon café Dalgona. Ça fait une couple de jours que j'ai pas pu m'en faire. En plus, les derniers que j'ai bus, je les avais pas fait avec la même marque de lait de soya pis y'étaient moins bons. Le meilleur lait, c'est le Silk original. Ces temps-ci, y'a souvent pénurie quand je veux en acheter. Comme les maudites peanuts à cocktail.

En après-midi, je reçois un e-mail de Old el paso. Évidemment, y m'envoient un coupon pour avoir un kit de fajitas gratis. Moi ce que je veux, c'est pas de la gratuité. Je veux des tortillas assez gros pour être roulés. C'est toute.

Aujourd'hui, 22 janvier, je suis à un mois pile de mes 50 ans.

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