mardi 31 mars 2020

Jour 19

Y fait relativement beau faque je sors marcher. J'ai encore monté ma salubrité d'une coche aujourd'hui. J'ai décidé de plus utiliser l'escalier intérieur chez nous. Le risque est trop élevé de croiser quelqu'un dedans pis de pas pouvoir le contourner à plus de deux mètres. 

J'ai jamais vu autant de monde enlever des abris tempos en pleine semaine. Je remarque également une nouvelle tendance. Les gens semblent tous en train d'apprendre comment poser leurs pneus d'été eux-mêmes. J'en profite pour mettre mon expertise à la disposition d'un novice que je détecte à deux mètres. J'aperçois tu pas le gars en train de rentrer son pneu en dessous du char en le tenant avec une main en dessous ! J'y lâche un de ces cris !!!! "Aie, tsé que si ton char est mal jacké, tu peux dire adieu à ta main gauche ?" "Oups, j'avais pas pensé à ça ! C'est la première fois que je mets ça tout seul !" Ouin ben ça aurait pu aussi être la dernière mon ami...

Y'a vraiment beaucoup d'arcs-en-ciel dans les fenêtres. Ça commence à me taper sur les nerfs. Ça me rappelle constamment qu'on est confinés. "Ça va bien aller, ça va bien aller...", moi je trouve que ça va pas si bien que ça. Pis on a pas encore pogné l'pic...😡

J'occupe le reste de la journée comme d'habitude. Ah oui, mon frère déménage aujourd'hui. Je me faisais une joie d'aller l'aider mais là, c'est pu possible. Y fait ça tout seul avec mon beau frère. Mon beauf m'envoie des photos toute la journée pour que je suive ça à distance. C'est mieux que rien.


Je me rends compte que ce confinement me fait maigrir. Étant du genre à manger pour survivre et non par plaisir, j'ai pas mal moins faim quand je travaille pas. En plus, j'ai ben dû marcher 2000 km depuis le 13 mars. Pas trop en chair de nature, je m'attends à être assez slim quand tout ça sera fini. À 23h., je fais le saut. La journée a été si longue que je me pense rendue mercredi pis que j'ai oublié mon cours en ligne.

lundi 30 mars 2020

Jour 18

Avec l'arrivée des boys, je hausse mes critères de désinfection. Tous les jours, je change les serviettes à mains, je fais le tour des poignées de portes pis des pitons de lumières. Aussi, nouveau règlement, Renaud pis moi, on prend pu le même verre pour se rincer la bouche quand on se brosse les dents. Ben oui, on fait ça d'habitude. On est dégueus hein ? Morgan, lui, y'utilise pas ste verre là. En fait, on sait pas comme y se rince. Direct en dessous du robinet je pense. Renaud pense qu'y doit pas se rincer. William dit qu'y met peut-être de l'eau dans ses mains. Bref, l'histoire le dit pas. 😁

Y fait pas très beau faque c'est une journée intérieure. Comme d'habitude, courriels, Moodle, séries... J'en profite aussi pour avancer mon troisième travail d'université. J'ai jusqu'au 17 avril pour remettre ça mais j'ai pas l'intention de trainer jusque là. Ça me fait penser, faut pas que j'oublie que j'ai un cours en ligne mercredi soir. Ces cours-là sont souvent drôles. Y'a toujours des élèves moins technos qui laissent leur caméra ou leur micro ouvert faque on entend pis voit toutes sortes de choses comme des élèves évachés en train de manger des chips ou ben d'autres qui ont leurs enfants qui leur sautent dessus. Très divertissant.

Parlant divertissement, je vous ai raconté, vla quelques jours, notre tournoi débile pour choisir une couleur de peinture. Faut savoir qu'ici, on est les spécialistes des jeux étranges. Par exemple, je me rappelle plus comment ce jeu est né mais l'été passé, quand j'ai acheté mon Hyundai KONA, Morgan a inventé une nouvelle règle qui stipule que si on est en train de rouler dans le KONA pis qu'on en croise un autre, on a pas le droit de rentrer chez nous tant qu'on en revoit pas un deuxième. C'est pas toujours pratique quand on est pressés ou qu'on roule loin. On sait pu où on est rendus dans le décompte pis si on a le droit de rentrer.

On a un autre jeu bizarre qui date de plusieurs années. Ce jeu sert à faire tirer le dernier morceau de quelque chose de bon qu'y reste à manger pis que tout le monde veut. Donc, on a un pot, avec des petits papiers contenant divers scénarios. En voici un aperçu. 


Qui sait, on va peut-être s'en reservir plus vite qu'on pense...

À noter que ce jeu comporte quelques failles.
1- William a moins d'options que les autres.
2- Je fais pas partie des gagnants potentiels.
3- On sait pas qui est concerné quand on pige la demie.
4- L'histoire dit pas ce qu'on fait avec le quart restant quand quelqu'un pige les ¾.

Ce jeu ayant été testé par des professionnels, je vous recommande pas de le reproduire à la maison.

dimanche 29 mars 2020

Jour 17

Je décide de poursuivre ma mission grand ménage de printemps, étant donné qu'y pleut à boire deboute aujourd'hui. Je suis rendue à ma chambre, ce qui devrait être assez rapide. Faut savoir que chez nous, y'a jamais rien qui traine faque c'est jamais ben long de nettoyer une pièce. J'ai jamais compris les gens qui disent "aujourd'hui, j'ai juste ramassé". Ramassé quoi ? Chez nous, y'a jamais rien à ramasser. On se lève ? On fait nos lits. On se change ? On met notre linge au lavage. On reçoit du courrier ? On le trie, le jette ou le range. Mes ados décident de lire un livre ? Ah non c'est vrai, ça, ça arrive pas.

Bref, faire ma chambre, c'est pas trop compliqué. Ça se résume à avancer les meubles, laver les murs avec la moppe Vileda, laver toute ma literie pis mes rideaux pis passer la balayeuse partout. Le pire, c'est défaire pis laver ma fenêtre. Je me suis blessée au bras avec ça l'an passé pis j'ai jamais complètement guéri, même avec la physio. Après quelques mois à y aller, j'ai décidé que j'avais récupéré un pourcentage assez correct pour fonctionner, en me disant que je pouvais ben accepter un peu de perdition de mes capacités physiques à chaque décennie.

Concernant ma fameuse fenêtre, j'avais prévu demander de l'aide à mon frère quelqu'un cette année mais confinement oblige, je peux pas faire entrer ce quelqu'un chez nous. Attendre ? Pas question. Je vous ai déjà dit que moi, quand je décide quelque chose, c'est là que ça se passe. Faque let's go, j'enfile mon linge de femme de ménage, me fais une couette, starte la musique pis c'est parti. À peu près trois heures plus tard, tout est fini, balayeuse passée dans le reste de la maison en prime. J'ai fait attention à mon bras faque j'espère que demain, y fera juste un peu plus mal que d'habitude.

Mes gars montent en haut pour souper. C'est ma semaine qui commence. Même s'ils sont grands, je m'arrange toujours pour que tout soit numéro un quand y'arrivent. Je veux qu'y voient que je suis contente de leur arrivée. Cette semaine, je le suis encore plus que d'habitude. J'ai vraiment vraiment hâte de voir quelqu'un de proche. Même quelqu'un que j'hais, ça pourrait faire la job. Je me couche tard, dans ma chambre propre pis je fais des rêves débiles toute la nuit.

samedi 28 mars 2020

Jour 16

Journée pose de pneus d'été. 

Habituellement, cette journée a des airs de fête. Je me rends chez mon frère à Sorel pis on passe la journée à changer des pneus pis à shiner nos chars. La plupart du temps, mon beau frère se joint à nous pis quand y fait vraiment beau et chaud, mon père se ramène aussi, directement de Shawinigan Beach. 

Dans ma famille, vous l'avez compris, on a un peu un toc avec nos chars. Toutes les occasions sont bonnes pour les laver, les cirer ou juste les regarder ou en parler. Y'a jamais une garnotte dans le fond de notre auto ou un objet mal placé. Pas d'objet tout court en fait. Vous verrez jamais mon char parké avec un pare-soleil baissé ou les roues de travers. Parlant de parking, mes exigences sont assez élevées en la matière. JAMAIS je me stationne à côté d'une auto rouillée, bossée, parkée de travers ou deux portes. Ben oui, une deux portes, ça a des portes plus longues, donc plus de chances de m'en faire ouvrir une sur une des miennes. Mais bon, tout le monde sait ça...

Cette année, de toute évidence, ça peut pas être la fête. Un, on a pas le droit de se réunir. Deux, mon frère est en plein déménagement. Mon beau-frère me propose d'aller chercher mes pneus remisés chez mon frère pis de me les installer chez lui. Distanciation sociale oblige, mon frère lui dompe mes quatre pneus montés sur les mags sul bord de la rue pis surveille de loin. Je rejoins mon beau-frère chez lui. Évidemment, pas question de s'approcher l'un de l'autre. J'ai même emmené ma propre chaise. Je m'installe dans son driveway à bonne distance pis je lui fais jasette pendant qu'y gosse sur mon auto. C'est vraiment le fun de voir du monde, même de loin ! Mon beauf lave mes pneus pis mes tapis d'hiver pendant que je passe la balayeuse dans le fond de mon char.

À 17h, y commence à faire assez frette merci faque je prends la clé des champs direction Montréal. J'ai juste hâte de prendre une douche pis de manger ma dernière shot de spaghettis. Demain, les ados arrivent pis on va varier un peu les menus.

vendredi 27 mars 2020

Jour 15

Je me réveille en sursaut à 11h. Faut croire que mon Ativan était pas si périmé que ça. Je me promets de recommencer de temps en temps, question d'avoir une ou deux nuits correctes par semaine.

Journée comme les autres aujourd'hui. Je travaille à distance, regarde des séries. À 13h., je suis toujours fidèlement au poste pour regarder le point de notre Premier Ministre. Les choses vont pas en s'arrangeant... Je me demande quand on verra le boute de ste cochonnerie-là. J'ai peur que ça soit ça la nouvelle affaire : des virus méchants qui nous forcent à nous confiner trois mois par année...

Ici, je lésine pas sur le nettoyage. Je me lave les mains 110 fois par jour. Pis moi, c'est pas Au clair de la lune que je chante en me lavant les mains, c'est American Pie. Ça dure quand même 8:33 minutes. 


Je sors en après-midi pour prendre une marche. Je passe devant l'hôpital où mon William travaille pis je me rends compte que ça doit pas mal être l'heure de sa pause. Je le texte pis y me répond que c'est dans dix minutes. Je lui dis de sortir pour que je le vois un peu à distance. C'est plate de plus pouvoir voir nos enfants adultes. On jase un peu en se tenant loin l'un de l'autre. Legault et Arruda seraient fiers de moi. Je prends une photo avant de partir.


Je reviens chez moi pis je soupe du spag. Une chance que j'aime ça... Y m'en reste pour demain, yé !

jeudi 26 mars 2020

Jour 14

Expédition à Shawinigan. Pas très matinale ces temps-ci, je me mets en marche tranquillement. C'est le premier jour que je m'habille avec du vrai linge depuis le 12 mars. Ça fait bizarre. Je mets un manteau propre, une écharpe propre, des gants propres. Je change même de sacoche. Pas question de contaminer toutes les personnes que je verrai pas. Pour ceux qui sont jamais allés à Shawi, c'est à peu près à 160 km de Montréal. Vous pouvez pas vous tromper parce que la ville est vraiment très très bien indiquée.


Les gens qui me connaissent savent que je suis rarement plus heureuse qu'au volant de mon char. C'est donc ben contente que je mets le cap sur Shawi en écoutant de la musique. Je fais un petit stop à Berthierville pour m'acheter un cappuccino glacé, ce qui fait augmenter mon indice de bonheur pis mon niveau de caféine.

J'arrive assez rapidement à Shawinigan. Faut dire que je suis jamais sortie de Montréal aussi vite. Y'a pas âme qui vive sur l'autoroute. Mon père vit en résidence depuis décembre. Ça été toute une histoire ste déménagement-là, tellement qu'on se demandait de quoi on parlerait quand ça serait enfin fini. Donc, il habite au Château Bellevue, au septième étage mais là-bas, ils appellent ça le sixième + un parce qu'y savent pas compter les étages. Bref, c'est là qu'y vit. Yé pas dans la misère.


Je sais déjà que je pourrai pas le voir. Les étrangers ont plus le droit d'entrer pis les résidents ont pas le droit de parler au monde dehors. J'ai reçu mes consignes. Y faut que je me parke à la réception pis que je laisse les courses sur une table dans le SAS entre les portes coulissantes de dehors pis celles de l'intérieur. J'appelle quand même mon père pour y dire que je suis arrivée, histoire que personne y vole sa bagatelle. J'ai pas le temps de sonner que le gardien de sécurité arrive à côté de mon auto avec un petit chariot pour prendre les courses. Ma bagatelle passe pas inaperçue. Le gardien me demande si je suis mariée. "Deux fois plutôt qu'une mon cher, je te le dis tout de suite, ton chien est mort !"

Le gardien repart vers l'intérieur pis quand tous les kits de portes s'ouvrent, j'aperçois mon père debout à la réception, comme un prisonnier, le sourire fendu jusqu'aux oreilles avec son jean pis sa petite chemise. Je pense que j'ai jamais été aussi contente de le voir pis surtout de constater qu'il a bonne mine dans les circonstances. On se crie bord en bord des portes avec le gardien qui essaie de nous les maintenir ouvertes, deboute dans le SAS. Ma joie est de courte durée. La madame de la réception trouve qu'y fait frette dans le courant d'air. Fermeture des portes. Le party est fini. Yé trois heures on ferme...

Je reprends la direction de Montréal avec le projet de revenir par la vieille route le long de l'eau. C'est plus beau pis ça va étirer le temps. Juste un problème : je commence à avoir envie de pipi. Avec le chargement de l'auto, mon arrêt à Berthier, le déchargement de mes courses, ça fait déjà un bon bout de temps que je suis dans le chemin. Faque là, j'ai envie... mais où fait-on pipi quand tout est fermé pis qu'un virus nous traque ? Sûrement pas dans une toilette sale de dépanneur. Je texte mon frère, évidemment. Tout le monde est en télé-travail à sa job. Je peux peut-être rentrer là sans trop de risques.

Mon frère travaille à Trois-Rivières. C'est à 20-25 minutes de Shawi, en direction de Montréal. Y me dit de le prévenir quand je serai dans le parking. Arrivée là bas, y sort dehors. On jase un peu en gardant nos distances. Je le suis à l'intérieur en le suivant d'un bon trois mètres. Moi, je suis les recommandations de Legault à la lettre : "On approche personne à moins de deux mètres tant qu'on a pas Legault d'Horacio !" 😁 On rejase deux-trois minutes dehors tout en maintenant la distance sécuritaire.

Je reviens à Montréal en passant par la 138. Il est 18h. quand je retrouve mon chat pis mon divan. Je mange de la pizza congelée pour faire changement. Ces temps-ci, je suis pas assez fatiguée pis je dors mal. Je décide de prendre un Ativan périmé avant de me coucher, question de pas passer la nuit à tournailler.

mercredi 25 mars 2020

Jour 13

Hier, mon père m'a demandé, si je pouvais lui emmener un peu de bouffe, si jamais j'allais à Shawinigan par hasard. Y veut pas trop déranger sa soeur avec ses commissions. Non, j'irai pas à Shawi par hasard puisque tout est fermé pis qu'on peut pu aller chez personne. Par contre, faire un tour d'auto pis lui emmener à manger, ça va me faire ben plaisir.

Je pars à l'épicerie, munie de sa liste pis tant qu'à faire, je décide de me stocker aussi, question de pas y retourner pour rien. Première constatation, une chance qu'on est rendus en mars parce qu'asteur, partout où on va, faut attendre dehors. Au Métro, c'est assez bien organisé. Dehors, à l'entrée, y'a un lavabo portatif comme on voit dans les festivals à côté des toilettes chimiques. Faut se laver les mains avant d'entrer en activant l'eau avec une pédale. Aie, y'a même l'eau chaude là-dedans. On rit pu ! Avoir su, hier soir, je serais venue me laver les cheveux là !

J'entre dans l'épicerie en regardant tout le monde suspicieusement. J'ai pas le goût de m'attarder mais j'ai une grosse liste. Pas question que je revienne avant deux semaines ! Contre toute attente, je trouve tout ce que je veux. J'ai juste un peu de misère à trouver la Coors Light dans le frigidaire mais après dix minutes dedans, j'en sors victorieuse avec une caisse pis les lèvres bleues. Je paie, me relave les mains dans le super lavabo pis 400$ plus tard, je repars chez nous, en auto, évidemment. 🚗

J'entreprends de monter mon épicerie toute seule, par l'escalier en colimaçon, en arrière. J'habite dans un troisième étage pour ceux qui le savent pas. Un VRAI troisième étage. Ça m'énerve les gens qui disent qu'ils habitent au deuxième quand y sont au premier.

Définition du mot étage selon le Larousse : "Dans un bâtiment, un immeuble, ensemble des pièces et dégagements situés de plain-pied entre deux divisions horizontales, planchers ou voûtes (le rez-de-chaussée est en général exclu du décompte des étages)". Ça, ça veut dire que si t'habites l'étage au dessus du rez-de-chaussée, ben t'es au PREMIER ! Ben moi, je vis dans un VRAI troisième, faque c'est haut.

Je décide de monter tout ça toute seule, même si mes ados sont au DEUXIÈME chez leur père. Je sens que mon épicerie est vraiment contaminée pis je veux pas mettre leur santé en péril. Après plusieurs aller-retour pis les jambes en guénilles, mon butin est en sécurité à terre dans la salle à manger. Cette fois-ci, j'ai pas perdu de sac.

Je décide de laver mon épicerie, TOUTE mon épicerie, pis de laver encore plus ce qui va aller chez mon père. Tout y passe. Ça me prend deux heures. Je remets dans des sacs propres tout ce qui va partir à Shawi. Les cannages ont les étiquettes toutes ratatinées. Aie, j'ai même lavé les bananes avec des lingettes Lysol. J'espère que mon père les mange pas avec la pelure... En tout cas, si la COVID-19 rentre dans sa résidence, ça sera pas moi la coupable.

Bon, c'est pas tout ça. Je veux préparer le dessert préféré à mon père, de la bagatelle. Je suis un peu brûlée faque je bifurque plutôt sur le vin pis je me réchauffe des spaghettis. À 21h., je peux pu m'en sortir, je prépare le dessert. Y va être content.

Confiné, mais content.

mardi 24 mars 2020

Jour 12

Mission du jour : aller chez Canadian Tire, à pied encore une fois. Depuis un bout de temps, ma pomme de douche, sans doute usée par le calcaire, pitche un peu l'eau dans tous les sens. Le grand ménage d'hier a été l'occasion de la mettre à la poubelle faque j'ai pu le choix d'en acheter une autre. En plus, j'ai besoin d'une ampoule spéciale pour la lampe de salon. Avec tout le temps que je passe assise dans cette pièce-là depuis deux semaines, j'ai pas intérêt à manquer d'éclairage. Manquerait pu que ça, être confinée pis dans la pénombre par dessus le marché !

Je fais un détour en revenant pour étirer un peu ma promenade. Y'a de plus en plus d'arcs-en-ciel dans les fenêtres. J'aime pas tant ça.😕

J'entreprends d'installer ma douche, processus très simple en tant que tel mais j'ai une petite interrogation. Évidemment, je texte mon frère avec des photos des morceaux de ma pomme de douche en support visuel mais y me répond pas. J'ai comme oublié que les gens travaillent encore. J'attends, j'attends, pas de réponse. Le problème, c'est que je veux me laver les cheveux pis je veux pas le faire à 10h. à soir. Je décide de les laver direct en dessous du robinet du bain. C'est pas l'idéal mais ça fait la job.

Je mange des spaghettis pour un deuxième soir consécutif. 

Mon frère m'appelle à 21h. pis on clôture l'installation de la douche en deux minutes et quart. Faut dire qu'il est rendu expert en installations à distance. Je lui envoie souvent des photos de pièces douteuses pour savoir comment ça marche. L'autre jour, je regardais toutes les photos qu'on s'est déjà échangées dans Messenger pis faut ben se rendre à l'évidence. On se partage des images assez étranges, que des photos de pièces d'autos, de fils,  d'outils, de bouts de murs, . En voici un échantillon.


Faque, c'est ça. 😛😛😛

lundi 23 mars 2020

Jour 11

Les gars sont officiellement redescendus chez leur père pour la semaine. Matinée tranquille devenue routinière : café, série, courriels... Je suis au téléphone avec mon père quand j'apprends que l'État vient de faire un autre petit tour de vis pis que les magasins non essentiels vont tous fermer. N'écoutant que d'une oreille, j'ai une soudaine panique à l'idée que la SAQ ferme. Mon père, qui a vraiment le sens des priorités, m'ordonne de raccrocher sur le champ, de sauter dans mon char pis de foncer acheter du vin. Obéissante de nature, je m'habille en quatrième vitesse pis je pars, à pied par contre. Je reviens avec cinq bouteilles. Je me dis qu'après ça ben coup donc, je boirai de la piquette de l'épicerie, en mangeant le pop corn que j'ai trouvé à terre à côté du poêle.

J'ai quand même de grands plans pour l'après-midi : le grand nettoyage de ma salle de bain. Non, pas le petit nettoyage qui consiste à laver le fond du bain, le lavabo pis la toilette, le GROS ménage, celui qui prend une demi-journée pis duquel on sort intoxiqué par les vapeurs des produits nettoyants. Je me botte le derrière pis me vla lancée. En moins de trois heures, c'est expédié ! J'ai la salle de bain la plus clean de Montréal, c'est sûr.

Ici, y'a plus grand chose à manger étant donné que j'ai pas beaucoup de place pour stocker en quantité. En plus, j'avais pas réalisé, la dernière fois que j'ai fait les courses, à quel point ça deviendrait épeurant d'y aller. Je me dégèle un pot de sauce à spag. Je peux toffer quelques jours facile avec ça.

dimanche 22 mars 2020

Jour 10

Les matins se suivent et se ressemblent, comme dans une toune de Joe Dassin. Je sais plus trop quel jour on est d'ailleurs. Qu'importe, ya rien ni personne qui m'attend nulle part.

Poursuivant sur ma lancée d'hier et n'écoutant que ma volonté pis le jugement de mon chat, je me lance dans le grand ménage de ma salle à manger pis des murs de mes couloirs. Y fait un petit peu frette pour laver l'extérieur de la porte patio mais quand je décide que je fais quelque chose, faudrait un cataclysme pour que je change d'idée.

J'envoie un toast virtuel à mon beau-frère, question d'y montrer que je commence à faire dur.



samedi 21 mars 2020

Jour 9

Mon chat a l'air de se demander ce que je fais tout le temps chez nous ou si je me suis moi-même transformée en chat. C'est vrai que vite de même, je peux donner l'illusion de pas faire grand chose. Je dors, je mange pis je change de place sul divan.

Je décide qu'en plus de marcher, caster pis Moodler, y faut que je fasse quelque chose d'utile dans la maison. Je me lance dans le grand ménage de printemps. Comme ça, tout sera fait quand y fera beau, qu'on pourra sortir comme avant pis que je recommencerai à travailler. Quelle belle naïveté ! On a pas l'air partis pour voir le boute !

Qu'à cela ne tienne, je me lance à corps perdu dans ma cuisinette. Tout y passe ! En avançant la cuisinière, je trouve un bon lot de céréales Nesquik pis du calistie de pop corn. C'est vrai qu'avec deux gauchers dont un qui voit pas clair, faut pas avoir de trop grandes attentes. Je garde les garnottes pas éclatées au cas où on finisse par manquer de bouffe...

Mon vino est bien mérité ce soir.  Mon chat a l'air fier de moi. 

 

vendredi 20 mars 2020

Jour 8

Je suis obligée de braver l'ennemi une fois de plus pour aller chercher des échantillons de peinture pour mon frère qui déménage. Pourquoi moi ? Parce qu'il aimerait avoir une couleur similaire à celle que j'ai chez nous mais il a pu le droit de rentrer pour venir voir pis comparer. Je me rends chez Bétonel, à pied comme toujours pis sous la pluie s'il vous plait. Je ramasse une couple d'échantillons qui semblent pouvoir correspondre pis je déguerpis en quatrième vitesse.

Cette mission se révèle providentielle pour passer du temps utile avec mes deux ados. Après souper, on choisit, sans se consulter, les deux couleurs qui, selon nous, correspondent le mieux. Faut croire qu'on a pas l'oeil. On a aucun choix en commun. On organise un tournoi pour "clairer" la question. On décide qu'on peut pas se fier à Renaud qui est daltonien. On le met donc en charge de tenir les échantillons sul mur pour que Morgan pis moi on procède au choix. Nous vla donc lancés dans des séries éliminatoires qui donnent lieux à une demi finale pis une finale où on couronne le blanc colonial vainqueur !

Pour ceux qui en doutent, je suis encore saine d'esprit. 

Je pense. 

jeudi 19 mars 2020

Jour 7

Besoin d'aller chez Jean Coutu. Je commence à moins aimer aller dans les magasins. À l'entrée, la cosméticienne me pitche de l'alccol dans les mains à deux mètres de distance. Je me cache dans les rangées comme si j'étais en mission spéciale pour éviter les gens. 😬

J'en profite pour prendre une petite marche. J'ai pas sorti mon auto depuis samedi passé. J'espère qu'elle s'ennuie pas. Y'a beaucoup de monde qui marche dans les rues pour un jour de semaine. Je remarque quelques arcs-en ciel accrochés aux fenêtres ici et là. C'est la première fois que je peux traverser sur la lumière rouge devant chez nous à 16h. On se croirait dans une ville fantôme.

Je suis pas trop optimiste qu'on va vraiment reprendre l'école dans même pas deux semaines comme y'a été question. Je continue à travailler sur mon Moodle pis depuis la visite de mon beau-frère, je cast compulsivement. Je regarde aussi religieusement le point de presse de Legault et Arruda pis je commence à trouver ça pas mal épeurant. 😱

mercredi 18 mars 2020

Jour 6

Un matin routinier : grasse mat, café, courriels, Moodle, séries. Y'a pire comme vie mais j'ai quand même hâte de retourner travailler. Je me sentais pas encore due pour des vacances. Moi ce que j'aime dans la vie, c'est courir pis être débordée. J'aime ça faire le souper pis les lunchs du lendemain en même temps, pendant que j'ai une batch de biscuits en train de cuire pis le lave-vaisselle qui tourne.

Je parle à mon père au téléphone. Je l'appelle souvent. Il me raconte qu'à sa résidence, y'ont coupé le courant des portes de garages pour que les locataires puissent pu sortir en auto. Yé un peu déçu. Il a compris qu'y doit plus aller en public mais il aimerait au moins faire des tours d'auto. Les mesures ont été rehaussées dans sa résidence. On peut plus aller le voir. Y trouve ça plate mais mon père est un monsieur optimiste, résilient avec un moral d'enfer. Ça vous rappelle quelqu'un ? 😃 Il me dit qu'il est quand même d'accord avec les mesures. Sa soeur va lui apporter ses courses.

En après-midi, je sors marcher avec mon amie Louise. Vigilance montée d'un cran, on se donne pas de becs pis on fait le tour du cimetière à deux mètres l'une de l'autre. Louise, c'est mon amie depuis vingt ans. C'est jamais compliqué avec elle. Elle est toujours de bonne humeur pis a toujours quelque chose à raconter. 👭

Au retour, je fais un peu de coloriage zen. Mon beau-frère m'a récemment donné tous les cahiers qui appartenaient à ma soeur faque j'ai l'embarras du choix. J'ai parfois un pincement au coeur quand je tourne une page pis que je tombe sur un dessin colorié par elle. Ça me rappelle toujours que dans les derniers mois de sa vie, pour la divertir, je lui ai envoyé des photos de mes coloriages. Elle avait trouvé ça beau pis s'était remise à ses cahiers. Elle m'avait aussi envoyé des photos de ses oeuvres.

En tout cas, elle qui aimait tant parler au téléphone. J'ai tout mon temps ces temps-ci... 

mardi 17 mars 2020

Jour 5

Dodo tard, courriels, séries en pyjama, c'est la grosse vie. Être confinée a ses avantages. 

Je travaille sur ma plate-forme d'apprentissage Moodle pour mes élèves. À l'école, on a intégré cette plate-forme cette année pis c'était moi qui étais en charge de comprendre comment ça fonctionnait pis d'essayer de monter quelque chose qui aurait un minimum d'allure. Pas trop convaincue au début, j'ai fini par aimer ça pis je suis même devenue un peu accro. En cette période de confinement, je profite de Moodle pour rester en contact avec mes élèves pis ils aiment ça.

Je jase avec ma chum Kat qui me raconte qu'elle se maquille plus. Moi non plus. Je m'habille pas vraiment non plus. Preuve à l'appui.

Mon beau-frère me demande si j'accepte encore la visite. Y s'ennuie. Pas de moi. Y s'ennuie tout court. Lui non plus y travaille pu. Yé tout seul avec ses deux chats bruns. Je me dis que sa visite est relativement safe étant donné que je l'ai vu vla trois jours pis qu'il est pas vraiment resorti de chez lui depuis. Y m'amadoue en me disant qu'y va m'apporter un Chromecast. Ça peut pas mieux tomber en cette période de visionnement intensif de séries. J'y donne le feu vert pis y débarque tout de go. On prend un verre, on jase, y configure le Chromecast.

On prend un autre verre pendant que je prépare du poulet sauce moutarde et miel pour souper. Mon beauf veut pas rester pour manger faque y s'en va. Je sais pas à ce moment là que ce sera la dernière personne que j'aurai vu de proche avant un estie de méchant temps...

Je lui envoie une photo de mon souper pis lui du sien. Faut croire que je l'ai inspiré.

Mon souper                                                                      Son souper

lundi 16 mars 2020

Jour 4

Comme on a aucune certitude que la session universitaire va être annulée ou prolongée, ma mission du jour est de terminer mon deuxième travail à remettre le 22 mars. J'expédie ça en deux temps trois mouvements pis je dépose mon chef-d'oeuvre sur la plate-forme de l'UQAM. Bonne chose de faite ! J'ai tout le temps l'impression de remettre un travail pourri mais je finis toujours avec un A ou un A+. On verra bientôt si la tendance se maintient.

En après-midi, je sors me faire faire les ongles. Tout est encore ouvert pis y'a pas de consignes d'aller nulle part. Je décide d'y aller à pied. C'est 6 km aller-retour mais bon, c'est pas comme si j'avais ben des choses à faire.

Je reviens avec des beaux ongles que personne verra. Mon beau-frère me demande sur Messenger si mes ongles sont beaux. C'est ben le seul gars que je connais que ça intéresse. Je lui envoie une photo pour le récompenser.

dimanche 15 mars 2020

Jour 3

Je réponds à mes courriels pis je fais un peu de coloriage en écoutant de la musique. 🎵🎵🎵

Je starte une sauce à spaghetti pis je pars prendre une marche question de me redresser la colonne vertébrale.

Mes gars arrivent au souper. Quand je dis arrivent, c'est relatif. Une semaine sur deux, y vivent avec leur père dans l'appartement juste en dessous du mien. Je les vois donc très souvent même quand c'est pas ma semaine. Y'en a souvent un qui surgit pour venir me parler ou chercher quelque chose comme par exemple du pop corn. Au moins, une semaine sur deux y le font cuire en bas. Tant mieux parce que je trouve que ça pue considérablement.
 

samedi 14 mars 2020

Jour 2

J'aurais eu plein de choses à faire aujourd'hui mais finalement, y'a pu rien qui presse. Je serais vraiment due pour une teinture mais au prix que ça coûte, je décide d'étirer ça une semaine ou deux, question de pas déjà avoir une repousse quand je retournerai travailler. Je suis loin de me douter que je reverrai pas ma coiffeuse avant un méchant boute. Ni mes élèves. 😕

Mon frère m'a invitée à la lutte mais j'ai subitement pu envie d'aller m'enfermer avec du monde. En plus, y m'a déjà envoyé des photos de la dite lutte pis les gens, autant que les lieux, ont l'air passablement louches. Je décide de plutôt accepter l'invitation de mon beau-frère à venir souper chez lui. Mon neveu avec sa blonde pis mon filleul vont être là pis mon frère (qui a abandonné la lutte) aussi, avec ses enfants. À ce stade, il est pas encore question de plus voir personne. La plupart des gens travaillent encore.

Belle soirée donc chez mon beau-frère. On mange bien, on boit (un peu), on joue aux cartes, on rit. Je reviens contente de ma soirée.

vendredi 13 mars 2020

Jour 1

J'en profite pour me lever tard pis flâner le matin. J'appelle mon père pour prendre de ses nouvelles. En fin d'avant-midi, on annonce la fermeture des écoles pour deux semaines. Je suis pas trop contente mais je décide de voir ça comme des simili-vacances.  Je compte bien travailler un peu à distance si je peux récupérer mon matériel à l'école lundi. Je reçois plusieurs courriels d'élèves inquiets. Je réponds à chacun mais j'ai pas beaucoup plus d'informations qu'eux. J'appelle mon concessionnaire pour commander un rétroviseur côté passager pour mon auto. Je me suis fait accrocher par un camion la semaine passée sur Sherbrooke. Le gars est supposé payer la réparation. De toute façon, peu importe, ceux qui me connaissent savent qu'il est pas question que je garde un miroir scratché sur mon auto. J'ai providentiellement deux semaines libres pour aller faire réparer ça.

En après-midi, je décide d'aller faire les courses pour la semaine prochaine parce que mes deux ados arrivent dimanche pis ça fait déjà trois jours que je mange des nouilles Gattuso pis des grill cheese. À midi, j'ai dû en faire un avec une croûte blanche pis une croûte brune. C'est la misère. 😬

Je suis un peu gênée d'aller à l'épicerie parce que j'ai entendu dire que les gens se stockaient en fou. Moi, je veux juste faire mes courses normales. J'ai peur que ça soit pire en fin de semaine faque je me lance. Je m'achète un cappuccino glacé en passant pis je m'en vais chez Maxi. Je me stationne pis je me mets à la recherche d'un panier. Y'en a plus un seul. Les gens se les arrachent à la sortie. Pour une fois, je ferai pas mon épicerie dans l'inquiétude qu'un panier roule dans une de mes portes de char. Je finis par en trouver un qui roule comme une fin de vie. Je me dirige vers la porte du Maxi avec tout l'optimisme d'une fille qui a pas encore compris...

Ben oui, y'a une file pis un monsieur qui fait la circulation. Faut attendre une heure avant de rentrer. Tant pis, c'est le fun, j'ai deux semaines devant moi. Y fait soleil mais y'a aussi un vent à écorner les boeufs. Je bois mon cappuccino en grelottant devant la porte. Au bout d'une heure, je peux enfin entrer. L'épicerie a des allures de guerre mondiale. Je me dépêche à remplir mon panier avec en prime, quelques nouveaux produits, pénurie oblige. J'essaie de prendre un paquet de papier de toilette sans me faire remarquer. C'est pas trop bien vu d'en acheter ces temps-ci mais là maudine, y me reste un seul rouleau. Même en utilisant un seul carré chaque fois, ça va pas le faire. La caissière du comptoir à vêtements me fait signe que je peux venir payer à sa caisse. C'est pas trop pratique sans tapis roulant mais vu la file aux vraies caisses, je saute sur l'occasion.

J'arrive chez nous, monte pis défais mes courses pis je me rends compte qu'il me manque un sac. Je cherche partout pis je le trouve pas. Sans doute à terre à côté du comptoir à vêtements. Dla marde, j'ai perdu l'équivalent de 30$ de bouffe. Y'a pire. Des gens meurent semble-t-il...

Je me sers un verre de vin pis j'échafaude un super plan. À soir, je vais attendre 22h. pis sortir au Métro racheter les denrées que j'ai perdues. À cette heure là, ça devrait être tranquille. À l'heure dite, je m'habille pis je pars accomplir ma mission. Bingo, y'a personne. Je reviens en moins de deux. Alleluia, on a de quoi subsister une couple de jours.

jeudi 12 mars 2020

Jour 0

C'est une journée comme les autres. On entend de plus en plus parler du coronavirus mais rien semble encore alarmant. Y'a été vaguement question que les écoles soient fermées mais ça semble une simple rumeur. En quittant le travail, comme tous les jours, j'emmène avec moi mon agenda pis ma clé USB qui contient toute ma vie scolaire.

En soirée, on reçoit rapidement un courriel qui annonce que l'école va être fermée demain. Bon, je suis un peu, PAS MAL déçue. C'était mon dernier cours avant l'examen final de mes élèves prévu lundi pis on en avait absolument besoin. Des courriels de mes élèves fusent de toutes parts. Je réponds à tout le monde.

Je reçois un autre courriel annonçant l'annulation d'un spectacle que j'attendais depuis plusieurs mois. Là, je suis VRAIMENT déçue. Déjà que j'en ai manqué un autre le 7 février à cause de la super tempête pis l'impossibilité de me rendre à Sorel...

Comme on peut rien changer à la situation, j'en profite pour me coucher plus tard pis j'essaie de voir ce week end de trois jours d'un oeil optimiste.